Une nurserie pour les poissons en test au port de La Seyne


07 septembre 2020

Comment permettre aux juvéniles de trouver un abri pour grandir lorsque les courants les conduisent jusqu’au fond de la petite rade? L’Ifremer et Seaboost testent un dispositif.

La plus belle rade d’Europe, peut-être,... mais sûrement pas la plus accueillante pour y grandir quand on est un petit poisson.

Après des siècles d’activité humaine, avec des concentrations en mercure, plomb et cuivre à affoler les détecteurs de métaux (même si la tendance est à l’amélioration) et 100% du littoral de la petite rade artificialisé, l’enceinte portuaire, n’a rien d’une destination de choix pour les bébés poissons.

Des millions pourtant s’y retrouvent ballottés sans bonheur par les flots.

Après avoir lâché leurs œufs au large, leurs parents les laissent voguer au gré des courants en croisant les nageoires pour qu’ils glissent vers de doux petits fonds côtiers, rocheux et colonisés par les herbiers.

Malheureusement, beaucoup terminent sans espoir face à un implacable et lisse quai de béton, sans la moindre chance d’échapper aux prédateurs.

"On estime que sur un million d’œufs, un seul aura la possibilité de devenir un adulte reproducteur, explique sans s’émouvoir Marc Bouchoucha, chercheur à l’Ifremer(1) à La Seyne. C’est la situation normale".

RESTAURATION ÉCOLOGIQUE

Face à cette cruelle réalité, les scientifiques savent depuis longtemps ce qu’il faut faire pour réhabiliter les milieux artificialisés: offrir des abris aux juvéniles afin qu’ils puissent prendre quelques centimètres loin des mâchoires de prédateurs.

Une expérience de "restauration écologique" de ce type est d’ailleurs lancée depuis quelques mois sur le long de la darse Ifremer et du vieux port de La Seyne.

Main dans la main et enthousiastes, la Métropole (propriétaire des lieux) et la CCI (gestionnaire des ports) ont autorisé la société Seaboost et l’Ifremer à immerger une "roselière" artificielle.

Un long ruban de cordages échevelés et de rochers artificiels que les petits poissons mettent à profit pour se cacher comme ils le feraient dans des herbiers de posidonie.

Installé en juin, le dispositif de quelque 150m2 porte déjà ses fruits.

"Depuis deux mois et demi, on réalise des comptages et on a dénombré 944 individus de 28 espèces", précise Marc Bouchoucha qui assure avoir reconnu des loups, des daurades ou des sars.

Une performance qui nécessite un sacré coup d’œil puisque les spécimens dépassent à peine le centimètre quand ils arrivent... et tutoient au mieux les 5 cm après deux mois de croissance.

Un recensement à l’œil nu et en plongée que le scientifique souhaite voir évoluer vers des techniques plus modernes mêlant caméras numériques, modélisation 3D et deep-learning informatique.

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